Garde à vue : Droit, caméra, émoi
Versets déversés à Venise ou dans la Tamise, stances d’errance et
d’immanence, rictus de coitus interruptus en prologue au grand silence du grand
sommeil, après la jouissance mélancolique des merveilles…
Contrat social/commercial/artistique.
État de droit/état d’urgence.
Propriété intellectuelle et
intelligence artificielle.
Droit de mourir dans la dignité ou
vivre dans des conditions indignes.
Judiciarisation de la société,
affaires froides, délai de prescription.
Domaine public/vie privée.
Règlement intérieur et brigade des
mineurs.
Charte des droits et devoirs du
citoyen/Charte de la laïcité à l'École.
Le procès de Joseph K. et celui de
DSK.
Droit à l’image ou image libre de
droits.
Visages adultes et organes génitaux
d’enfants floutés.
Code de carte bancaire/mot de passe
informatique.
Nom d’utilisateur et usurpation
d’identité.
Big data/Internet profond.
Cybercriminalité/pédopornographie.
Casiers judiciaires, radiations,
suicides.
Convention de stage/encadrement
législatif de l’apprentissage.
Caméra de vidéo-surveillance,
télescope d’astronome, voire de voyeur.
Page perso, profil, fake.
Communautés/Union européenne.
Followers et amis.
Réseaux sociaux/recréer du lien
social.
Tablettes dès la maternelle, manuels
scolaires numérisés, ophtalmos comblés.
Clés USB, virus, fichiers supprimés.
Disque dur et crise de l’industrie du
disque.
Dématérialisation de la
musique/modélisation en architecture.
Imprimante 3D, revolver en plastique,
amorces nostalgiques/amorce d’un dialogue/épaule en amorce.
Surveiller, punir, espionner,
témoigner, rendre la justice/rendre gorge.
Obligation du droit de vote et
majorité abaissée à dix-huit ans.
Droit des femmes/violences faites aux
femmes.
Interdiction aux mineurs et libre
accès.
Logiciel de contrôle parental/cookies
à accepter.
Connexion, déconnexion, reconnexion.
Recherche vocale et GPS.
Terroriser les terroristes/déchéance
de nationalité.
Coran et crash aérien.
Bousculade à la Mecque, djihad de
jeunes filles en fleurs.
Radicalisation de l’islamisme ou
islamisation de la radicalité.
Intégration, intégrisme,
désintégration.
Mixité/paix sociale.
Religion iconoclaste et iconographie
du désastre.
Christ au cran d’arrêt hispanique,
crucifié sur une culotte d’affiche selon Larry Flint.
Mise en scène, attitude de mise, tête
d’enterrement ou porte de prison.
Judas, traître et œilleton.
Objectif fisheye et perspective du
Quattrocento.
Endoscopie/échographie/IRM/prélèvement
de selles et frottis vaginal.
Des milliards de microbes dans un
seul baiser.
Mystères de l’organisme, la vie à vue
d’œil sous l’objectif du microscope.
Rayons X et rien de neuf au rayon X.
Divertissement pour adultes et
témoignages de petites victimes filmés en présence d’une psychologue.
Trauma/replay/preuve sous scellé.
Images de séries policières/image de
la polisse.
Filmer le procès d’Eichmann, à défaut
de l’irreprésentable.
Indicible de Lovecraft puis de Primo
Levi.
Silence de cour d’assises à l’arrivée
des magistrats/monologues d’avocats.
Théâtralité moderne et profane contre
théâtre antique et lyrique.
Les bienveillantes de Jonathan
Littell et celles d’Eschyle, alors appelées Euménides.
Couper le fil d’une vie
humaine/couper ou assembler (to cut/to edit) un film.
Final cut refusé à Hollywood et la
mort en montage final pour Pasolini.
Démonter un discours/une performeuse
de hard.
Horizon des événements et absence
d’horizon pour la jeunesse.
Priorité nationale, élections
présidentielles.
Droit du travail et manifestations
étudiantes.
Entretien au sommet à l’Élysée par
des présentateurs de JT.
Sur TF1, Ministre du Travail, de
l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social ; sur
France 2, au même moment : Premier ministre – stéréo du mémento, parole
spéculaire, matraquage du message.
Convaincre du bien-fondé, éteindre
l’incendie, lutter contre la fronde/la fraude, vaincre les réticences à
l’intérieur du parti.
Débat télévisé, sueur en gros plan,
prompteur et oreillette.
Webcam/babyphone/application/extension
du système nerveux.
Appareil auditif et prothèse
d’athlète.
Baiser une poupée gonflable, un
androïde, porter un gode-ceinture ou un casque virtuel.
Ne pas se toucher, ne plus
s’effleurer, omettre de caresser.
Contamination/moustiques-tigres
tueurs/microcéphalie.
Hygiénisme, pandémie, risque ou
patient zéro.
Bande démo, master de cassette audio,
master class de cinéaste.
Droit à l’oubli et devoir de mémoire.
Algorithmes de la modernité,
trombinoscope misogyne et empire financier.
Charité business ou bien ordonnée.
Diffamation, vidéos virales, bruit
documentaire, communication au point mort sur les autoroutes de l’information.
Profondeur de champ/champ des possibles.
La possibilité d’une île et la
mentalité insulaire.
Exterminer toute pensée rationnelle
(nudité festive à Tanger), faire confiance aux sons pour faire surgir le sens.
Juger pour réparer, appliquer un
ensemble de valeurs, se définir via les lois.
Esprit des textes, des décrets,
honnêteté du hors-la-loi.
Désobéissance civile/civique,
présomption d’innocence.
Prophylaxie des plaidoiries, des
prétoires, des robes, du plateau et du bandeau.
Soumettre le réel à un cadre, une
norme, un langage et une cérémonie.
Rites, rituels, tocs, séquelles.
Dolorisme et jérémiades, narcissisme
et galéjades.
La vie en ligne et sans mode
d’emploi.
Euthanasie et avortement,
accouchement sous X et poursuite en paternité, bébé in vitro et couple homo.
Smartphones, Bluetooth, dent bleue
danoise et poison shakespearien versé à l’oreille.
Aujourd’hui, reconstitution sans
figurants des attentats du Bataclan ; hier, effondrement en boucle de tours
jumelles.
Overdose de spectacle, société du
spectacle, image manquante, charnier suspect en ex-Yougoslavie.
Suggérer, ne pas montrer, trop
montrer, mal montrer.
Une civilisation par essence
pornographique, sentimentale, cynique, impitoyable.
Les mots d’ordre de Carpenter à Los
Angeles en marxisme cinéphile.
Les adeptes du genre, les sectaires
des niches, les hommages improbables dans les cinémathèques.
Des films innombrables, des films
perdus, des supports fragiles et une historiographie défaillante.
Tas de pellicule argentique,
inflammable, imbuvable tiédeur des titres modernes et âge d’or inexistant
(nostalgie timorée, régressive, fétichiste).
Gérants de vidéoclub et fanboys
adoubés cinéastes, historiens, visionnaires ; publicitaires argentins ou
américains pris pour des panthéistes, des mystiques ; clowns nordiques ou
autrichiens au puritanisme étiqueté trash.
Tous contre un mur, et il ne s’agit
pas d’une métaphore.
Des lance-flammes au lieu de blogs,
des actes à la place des paroles, de la beauté convulsive et sereine, une
esthétique de/pour notre temps ignoble et dégradant.
Aucune pitié, nulle cavalerie, encore
moins de rédemption.
Dynamite nietzschéenne et
cartographie infernale par Peter Sotos.
Typographie instantanée, sans
réfléchir, sans fléchir, tant mieux ou tant pis.
Transparence impossible du récit, car
le texte ne peut s’ignorer lui-même.
Grande forme narrative pourtant, son
éloge convaincant par Stephen King, ou toute cette abjecte littérature dite de
gare, qui ne mène nulle part, sinon à la soumission, à la démission, sommeil
vendu à des millions d’exemplaires, poches pleines et cerveaux vides, des
contes de midinettes ménopausées, des jeux en relief de geeks complices du
totalitarisme du marché.
Détestation, anathèmes, blasphèmes.
Caricatures et impostures,
contentement bêlant.
Gifler le lecteur et se blesser
soi-même en se dénudant pour de bon.
Une colère aux origines précises, une
rage hors d’usage.
Cosmologie des ténèbres, encre noire,
lumière intérieure.
Des phrases comme des paysages ou une
écriture atomisée, un lexique en ruines.
Le cinéma de papa, de maman, de
grands enfants immatures.
Abjuration de la culture, apostat du
climat.
Continuer longtemps comme ça ou
savoir s’arrêter.
Une longue arrête perforant la gorge,
opérations à main nue dans l’interzone de l’Amazone, cannibales transalpins goûtant
aux petits Blancs venus les embêter, les aiguillonner, immortaliser leurs
écarts programmés.
Frère, ennemi, indigène, amie de
cœur.
Plaisir et douleur, Smith &
Wesson, tears for fears façon Janov.
Cri primal et psychoplasmie du
docteur Raglan.
Le corps, encore, l’esprit tissé dans
sa doublure, pascalienne ou pas.
Le monde, inexploré, consumé, représenté,
bradé, prochain survivant à l’espèce humaine.
Mains habiles, onanisme lexical, trop
de notes chez Mozart et trop de mots partout ailleurs.
Publier un jour une page entièrement
vierge, un article absent dans sa présence aveuglante.
Blancheur de Poe et Pym, des Carpates
de Verne, des montagnes hallucinées de HPL, de l’Antarctique cinématographique,
original végétal et remake organique.
Tissu de citations/de conneries.
La caresse du fouet manié par Miss
Steele, auparavant de la cravache assez vache de Marlene Dietrich en
impératrice hystérique de Russie.
SM pour pucelles, uro pour pervers,
fluides vitaux de Folamour, amour fou de Resnais.
Un produit surévalué, surcoté,
survendu.
L’amour rimbaldien à réinventer,
tourner sept fois sa langue dans sa bouche.
La septième victime ou ciel.
Sept pas vers Satan maître de
l’univers, probablement.
Anges déchus à L.A., chus dans un
blue movie, archange du mont mouillé emporté en hélico à l’instar du Jésus de
Fellini.
Restauration des œuvres/des anciens
régimes effectuées par les contre-pouvoirs et les gardiens du patrimoine.
Gardiens de l’ordre, conservatisme,
révolution revenue au point de départ, réaction politique, plan de réaction,
plan de coupe, couper des têtes.
Déroute, exode, migrants,
transgenres.
Théorie d’universitaires ne sachant
pas quoi faire.
Littérature grise des rapports, des
thèses, des mémoires, lue par personne, écrite par dégun.
Rire encore au milieu de la fosse,
aux funérailles de la morale nippone ou de Laura Palmer, rire d’un éclat
homérique ou rabelaisien.
Bakhtine et Poudovkine.
Marx et ses frères.
Loin du bruit du temps, l’ostinato
misterioso de Louis-René des Forêts.
Monk et Bird, Chet Baker valentin édenté.
Du jazz, de la soul, des BO, un
soupçon de classique, des chansons pop.
Bande-son d’une vie, playlists en
nouveaux joujoux.
Partage, héritage, enfantillages.
Je miré dans l’autre, jeu de mots et
météo affective, mouvement de l’âme, fumisterie de sacristie.
Adieu au langage, voyageur sans
bagages, exil ultime.
Se taire, fermer sa gueule et
l’ensemble de ses orifices, à l’instar d’autistes ne s’exprimant plus, pas même
par leurs excréments.
Le mot de Cambronne/de la fin.
Faim de films, de femmes, de fauve.
Félins taquins, badins et
phalanstères de naguère, utopies très gay.
Ni avec toi, ni sans toi.
Coupes budgétaires, danser sur un volcan,
épiphanie d’Ingrid ravie par Rossellini.
Désespérer, se lamenter, jouer les
pleureuses corses.
Tirer à blanc, tirer un coup, tirer
un trait sur ce qui alourdit ou absout.
Mon white jazz à moi, mon manège à
moi c’est toi, mon bel amour, ma déchirure.
Catherine Wilkening, Maria Schneider,
la mère morte ou du Nord.
Et, in fine, topoï enterrés, le
retour à la matrice complice et corruptrice, à la langue femelle et maternelle,
au fleuve de Renoir et des terreurs dans le noir.
Le soir glisse sur sa robe – ou
l’inverse – et la logorrhée peu ou mal inspirée se clôt sur un bouton de rose,
une luge brûlée, une immensité cernée, une énigme individuelle.
Tout existe et rien ne meurt, tout
périt et resplendit, tout respire et murmure – de cela, de cela seul, tu peux
vraiment être sûr(e).
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