Une belle fille comme moi


L’Écume des nuits : La Marchande d'amour (1953)


Dans ce drame bourgeois et sexuel (sur fond d'inceste entre sœur et demi-frère) d’après Moravia signé Mario Soldati, scénariste et romancier reconnu, mais cinéaste subtil à redécouvrir, Gina Lollobrigida, justement primée, subjugue par sa beauté, sa sensualité, les nuances intenses de son jeune talent.

Du haut de ses 26 ans, cheveux courts, l'actrice italienne – mais pas romaine, nuance d'importance, qui la place au côté d'un Mastroianni ou d'un Manfredi – campe une provinciale (titre original) contrainte au mensonge et à la prostitution, dans un peinture sociale, sous forme d'aveu rétrospectif et d'amour inattendu, élégante et très composée, où certains plans annoncent Antonioni avec ses couples désunis jusqu'au sein du cadre, chacun à un bord, la béance de leur relation figurée au centre de l'image.

Le film, entrevu un dimanche au Cinéma de minuit, s’avère aussi un hommage solaire et nocturne, presque renoirien, à son érotisme latin (pléonasme), qui brillera ensuite chez Reed (la mémorable acrobate de Trapèze), Delannoy (l’inoubliable Esméralda de Notre-Dame de Paris), Vidor (la sculpturale Reine de Saba) ou plus tard Bolognini (Ce merveilleux automne), dans une plénitude poignante en écho à celle déployée par Angie Dickinson pour Pulsions – sans oublier des passages remarqués chez Christian-Jaque (Fanfan la Tulipe) et Comencini (Les Aventures de Pinocchio), au début et à la fin de sa carrière sur grand écran…

Viva Gina !

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les Compagnons de la nouba : Ma femme s’appelle Maurice

La Fille du Sud : Éclat(s) de Jacqueline Pagnol

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : Le Trou noir